Guy Gauthier - Enregistrement public (1977)
02 mars 2021Pourquoi devient-on collectionneur ? Peut-être pour ce genre d'albums, qui justifient à eux seuls toutes ces heures passées à scruter les annonces en ligne ou à fouiller les bacs de vieux vinyles, sans parler de tous les kilomètres avalés, à la recherche de la perle rare.
Hormis les quelques 25 personnes ayant assisté à ce concert donné en 1977 à Vandœuvre-lès-Nancy, combien sommes-nous à avoir eu la chance d'entendre cet enregistrement public ? Fort peu, si l'on se fie au nombre d'exemplaires pressés : 12 acetates pour le groupe de musiciens et le preneur de son. Madame Raimbourg, qui reçut un exemplaire du chanteur, était de ces privilégiés. Une attention somme toute justifiée de la part de Guy Gauthier pour qui la figure de Bourvil revêtait une importance particulière au point de nouer contact avec des gens comme Alex Joffé ou Gérard Oury, après une émission de radio qu'il a écrite. S'ensuivit un "pèlerinage" en 1978 en Normandie à Montainville où il rencontra celle qui était "Madame" Bourvil.
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Introduction
Mais s'il a envoyé un album à cette dernière, ce n'est naturellement pas par hasard, ni parce qu'elle était fan de garage rock (quoique, qui sait ?), mais, parce qu'une chanson est dédiée à André Robert Raimbourg, ainsi que cette étonnante pochette le laissait présager – soit dit en passant ouvrante et assez luxueuse pour un pressage privé (sur Le Kiosque d'Orphée). Cette chanson hommage s'achève par un extrait de "La Tendresse" immortalisée en 1963 par Bourvil, en coda, comme un rappel assuré par cette figure amicale revenue parmi l'auditoire, le temps de cette soirée de 1977.
Il s'appelait tendresse
Oui, vous avez bien lu "garage rock" quelques lignes plus haut ! Ecouter ce disque, c'est en effet revivre un concert où la chanson française vient se cogner à l'énergie binaire d'une formation rock, prestation à laquelle les circonstances donnent ce son amateur, brut, un rien sale, similaire en cela à la scène qu'on baptisera garage. Guy y est accompagné de quatre musiciens (un batteur, un bassiste et deux guitaristes, l'un à la guitare électrique et l'autre à la guitare 12 cordes), mais aussi d'une chanteuse, parfois plus devinée qu'entendue en raison des conditions d'enregistrement, assez rudimentaires, il est vrai.
Les plus âgés d'entre vous ont peut-être eu la chance d'entendre il y a 43 ans sur France Inter dans l'émission "Studio de nuit" de Jean-Louis Foulquier, une interprétation de l'excellente chanson "Ouvriers étudiants", que l'on retrouve sur le LP, évocation douce amère du soulèvement de 1968 où la jonction entre ouvriers et étudiants fit long feu, les uns passant du col Mao au Rotary, les autres demeurant face à la dureté de l'usine et des chantiers.
Ouvriers étudiants
Guy Gauthier a également sorti deux 45t, l'un à 50 exemplaires en 1976 et un autre à 400 exemplaires en 1980 (toujours sur Le Kiosque d'Orphée). Deux disques qui méritent aussi le détour, mais plus orientés chanson, dont on retiendra en particulier l'atmosphérique "Je roule dans la nuit".
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Je roule dans la nuit (tiré du second 45t)
Devenu éducateur, Guy Gauthier s'est dirigé vers l'écriture de scénarii et poursuit depuis un temps une carrière de cinéaste (pas si) amateur. Tous ses projets sont à consulter sur son superbe site (guy-gauthier.fr).
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