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Si l'on en croit d'impénitents hype-maker, la tendance de la collection printemps-été 2011 serait à l'italien et aux années 80. En guise de must-have, Joe Tossini and Friends, soit quelques-uns de ce qu'Atlantic City compte d'italo-américains.

 

L'objet de la convoitise est un drôle d’objet. Un disque lounge pour le dire vite. Joe Tossini y arbore un style de crooneur indolent, parfois distant dans l'émotion, littéralement lunaire ("Wild Dream"), plus proche d’un Robert Wyatt que d’un Sinatra. En fait, Lady of Mine échappe à toute forme de vélocité, tant par ses arrangements (minimalistes et singuliers) que par son instrumentation (boite à rythme omniprésente, guitare et basse timides, trompette rachitique, saxophones étranglés, bruitages loufoques). Chose étrange, cette esthétique du détachement ne nuit en rien à la sincérité du propos et Tossini, contrebalancé à l'occasion par des backing vocaux féminins, ne manque pas d'émouvoir, surtout quand notre amoroso s'exprime dans la langue de Dante.

  

Sans jamais se départir de son tempo délicieusement amorphe qui lui confère une atmosphère d'abandon triste, Lady of Mine n'est donc qu'un disque lounge. Que l'on goûte ou non ce genre, il s'écoute avec un plaisir que d'autres disques, supposés plus nobles, ne savent guère distiller, un plaisir paradoxal, complexe - celui d'un dry martini descendu au bar d'une arrière salle d’une cité balnéaire du New Jersey en compagnie d'un crooner dont le chant fatigué vient nous rappeler que le dilettante ne peut être qu'italien et que le dilettantisme est un art. Il arrive parfois que le bruit du moment ne fasse pas échos à tous les talents frelatés.

 

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In the spring/summer season of 2011, Italian romance and 80's are without any doubts the leading words that dominate collector's world. The must have is called Lady of Mine. Beyond the hype, is it as great as it seems? I think it's a yes. Probably recorded in the early 80's by Joe Tossini and Friends, this Atlantic City lounge act is lovely, inspired and very personal. Tossini's crooning style, which resembles a sloth who just woke up after falling from his hammock owes more to Robert Wyatt than Sinatra. Believe it or not, this detachment works pretty well and does not affect his sincerity. Joe Tossini has many friends who play on the record (6 girlies on backing vocals, 2 drummers, to be quick, all the Italo Americans of NJ seaside towns) but Lady of Mine looks like to a one-man-band project! It's even more bizarre. Not the best record ever as the hype-makers said, but a real crown jewel of lounge music. And do not forget that a dilettante can only be Italian and that dilettantism is an art.
 

Sulla Luna 

Lady of Mine 

Wild Dream

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