L'affaire est entendue pour certains. One in Versailles, première réalisation officielle de Shoes, pressée à 300 exemplaires en 1975, ne serait qu'un recueil de démos, balbutiements d'un firmament à venir, inoffensives prémices d'opus majeurs (Black Vinyl Shoes, Present Tense) qui élèveront John Murphy (chant/basse), son frère Jeff (guitare/claviers), Gary Klebe (guitare/chant) et Skip Meyer (batterie) au rang d'icônes power pop. Il n'en est rien.

Loin d’être une pièce rapportée offerte à la curiosité d'improbables archéologues pop, cette autoproduction s'offre d’abord comme un ensemble concerté, heureux fruit des circonstances dont ont su tirer profit les frères Murphy, en l'absence de Gary, expatrié à Versailles dans le cadre de son cursus universitaire d'étudiant en architecture. En guise de cadeau de retour, le projet d'un album. Douze titres signés par John et Jeff, directement inspirés par l'exil de leur ami, Versailles devenant la toile de fond d’une romance à distance entre un garçon et sa girlfriend d'outre-Atlantique.

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Inutile de le dire : les amateurs de rutilances et autres démonstrations pyrotechniques peuvent passer leur chemin. Mais, en dépit de moyens rudimentaires (4 pistes, nécessité du re-recording, bidouillages de home- studio), One in Versailles surprend par sa richesse. Plutôt acoustique (banjo, mandoline, conga, tambourins sont de la partie), parfois strié d'assauts électriques, s'ouvrant vers des horizons d'une radieuse mélancolie, l'album s'écoute comme une quintessence de fragilité et d'innocence adolescentes, marchant sur les brisées, très escarpées, d'improbables orfèvres sans nul doute inconnus à Zion (Warlus, Kath, News, Sensation...).

Do I Get So Shy 

Un dans Versailles 

One Night 

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